Lorsque l’écoutille se verrouilla, le sol et les parois du vaisseau se mirent à vibrer, mais cela ne dura qu’un bref instant, encore plus rapide que le passage d’une étoile filante dans le ciel. Presque aussitôt après la fin de ces tremblements, le cargo commença à s’élever dans les airs. Soudain, les membres d’équipage et les passagers virent débouler un petit blondinet, vêtu en Jedi, qui courait à travers les corridors de l’engin spatial. Néanmoins, ce petit garçon arrêta net sa course lorsqu’il tomba nez-à-nez avec ce qu’il cherchait : un hublot donnant sur une petite planète bleue et verte.
Anakin avait son front collé contre ce hublot qui donnait droit sur Naboo et, dans le reflet de la vitre, il aperçut maître Kenobi qui se tenait derrière lui, la tête encapuchonnée. Obi-Wan, lui aussi, regardait le monde des Naboos devenir de plus en plus petit, et toutes ses pensées se tournèrent vers son défunt mentor, Qui-Gon Jinn, cet homme qui lui avait tant appris depuis sa plus tendre adolescence. Un padawan considérait toujours son maître comme son père. Allait-il lui aussi jouer ce même rôle auprès du jeune Skywalker ? Obi-Wan tourna alors instinctivement son regard vers Anakin, et il lut dans l’esprit du garçon qu’il ne pensait qu’à la reine Amidala. Il ne pensait qu’à Padmé, et au moment où il pourrait à nouveau la revoir. Obi-Wan ne sut quoi faire ni quoi dire pour détourner Anakin de la souffrance que cette vue lui infligeait.
La planète rapetissait au fur et à mesure de l’éloignement du vaisseau, et Obi-Wan pria la Force pour ne plus jamais avoir à revoir ce monde. Pour lui, il ne s’agissait plus que d’un lieu maudit, car sans cette mission qui avait commencé lors du Blocus, son maître Qui-Gon serait sans doute encore en vie. Alors, devant la tristesse que lui inspirait la vue de Naboo, Obi-Wan s’apprêta à laisser le tatooinien seul avec ses pensées quand soudainement, ce dernier l’interpella :
« Maître Obi-Wan ?
– Qu’y a-t-il Anakin ?
– Maître Qui-Gon est mort par ma faute, n’est-ce pas ? »
Obi-Wan ne sut quoi répondre. Pourquoi fallait-il que cet enfant parle de Qui-Gon maintenant ? Venait-il lui aussi de lire dans ses pensées ? Mais comment était-ce possible à son jeune âge ? Se pourrait-il après tout, que ce garçon puisse réellement être l’Élu de la Prophétie ?
Après un court silence, le tout jeune maître Jedi s’agenouilla pour être à hauteur des yeux bleus du jeune garçon et lui dit : « Voici ta première leçon Anakin : Il n’y a pas de mort, il n’y a que la Force ! Soit certain que Qui-Gon vit toujours, et qu’il veillera sur toi à jamais depuis l’au-delà. »
Puis Obi-Wan sortit d’un pan de son vêtement un sabre-laser. Anakin reconnut d’emblée l’ancienne épée-laser de maître Qui-Gon. Le jeune garçon se saisit alors du bien avec émotion. C’était pour lui la toute première fois qu’il tenait entre ses mains l’arme de prédilection des chevaliers Jedi. Avec joie et fierté, ce sabre qui était désormais le sien lui fit instantanément comprendre quel devait être son destin dans cet ordre millénaire. Du haut de ses neuf ans, le jeune Skywalker se voyait déjà devenir un grand chevalier Jedi, le plus grand de toute l’Histoire galactique. Il ferait tout pour libérer la galaxie toute entière du fléau esclavagiste, en hommage à ce Qui-Gon Jinn qui l’avait affranchi de sa condition d’esclave. Telle était l’utopique mission qu’il venait de se donner à lui-même.
Puis, soudainement, une voix robotique résonna dans le vaisseau, demandant à l’ensemble des passagers de se préparer au saut en vitesse lumière. Peu avant que le vaisseau ne se perde dans le vortex de l’hyperespace, Obi-Wan se releva et posa une main paternelle sur l’épaule d’Anakin. Les deux héritiers de Qui-Gon Jinn regardèrent une dernière fois le lieu de repos de leur maître Jedi, avant de s’envoler vers l’avenir, et de laisser les événements de Naboo loin derrière eux.