Selon le Guide du Voyageur Galactique, Tatooine faisait partie du top cent des planètes à ne surtout pas visiter, et dans une galaxie comptant mille milliards de mondes, elle se plaçait donc tout naturellement sur le podium des tristes vainqueurs. Ainsi, du point de vue des bobos coruscantiens qui étaient abonnés à ce fameux Guide du Voyageur Galactique, ils ne voyaient les gens qui avaient la malchance d’échouer sur cette planète hostile que comme de vulgaires hors-la-loi, cherchant à tout prix à rester loin des yeux de la justice républicaine. Toujours d’après ce fameux bouquin, les conditions de vie sur Tatooine étaient d’ailleurs si rudes que personne ne pouvait venir y vivre par choix. En effet, personne ne pouvait intentionnellement venir résider sur ce caillou, entièrement soumis au Cartel des Hutt depuis des siècles, et où les criminels faisaient régner la loi. Pour les habitants du Noyau Profond, Tatooine n’avait pas voulu suivre l’évolution et se métamorphoser en planète civilisée ; de ce fait, elle était restée une terre de barbares, dont il fallait absolument rester éloigné.
Après ces quelques descriptions lues à la hâte, Shmi Skywalker se leva et alla immédiatement jeter ledit ouvrage calomnieux, qu’un pilote de passage avait malencontreusement oublié sur le comptoir de la boutique de Watto. Ce fut la dernière tâche qu’elle effectua pour le compte du ferrailleur toydarien et, une fois que l’hololivre eut rejoint les autres déchets du compacteur à ordure, Shmi se mit soudainement à penser à son fils absent. Cela faisait très exactement cinq ans maintenant que le jeune Anakin avait quitté la planète Tatooine et les siens pour partir à l’aventure et suivre la formation qui ferait de lui un chevalier Jedi. Et à son grand étonnement, Shmi mesura pour la toute première fois tout le poids de son absence, quand elle vint à craindre l’idée que son petit garçon puisse être influencé par ce genre de propos, maintenant que celui-ci résidait désormais sur la planète capitale de la République. Pourtant, depuis son départ, Shmi avait toujours essayé de ne pas trop penser à son fils. Mais aujourd’hui, jour anniversaire des cinq années d’absence de ce dernier, la toute récente esclave affranchie regarda avec mélancolie la boutique de Watto pour la toute dernière fois, en faisant le bilan de ces cinq dernières années passées loin de son fils.
Tout s’était enchaîné à une vitesse particulièrement folle. Un an jour pour jour après la scène des adieux avec Anakin, Watto, le propriétaire de la boutique, avait dû se résigner à hypothéquer la maison des Skywalker et à héberger, bien malgré lui, son esclave humaine, Shmi, ainsi que le droïde personnel de cette dernière, dans sa propre maison. Depuis ce jour et tous les soirs jusqu’à aujourd’hui, Shmi avait dès lors été obligée d’aller dormir dans le lit hamac, aux côtés de son maître toydarien. Néanmoins, ce bon vieux Watto eut la décence de ne jamais abuser de son bien humain, et Shmi avait chaque soir remercié la Force d’avoir un maître aussi compatissant. Au cours de sa longue vie de servitude, Shmi avait en effet connu assez de maîtres abominables pour savoir apprécier le caractère respectueux de Watto. Elle se rappelait encore très nettement et avec dégoût de ce lointain temps, où elle avait été obligée de dormir en bikini doré sur les graisses de son ancienne maîtresse Hutt, et maintenant, elle était heureuse d’être sous la coupe d’un individu tel que Watto.
Mais même avec un maître comme lui, lorsque Shmi repensait à toutes ses années d’esclavage, elle savait bien que sa condition avait tout de même été très peu enviable. Cependant, en y regardant de plus près, et avec le recul de sa toute récente liberté, l’existence même de son ancien maître Watto avait été très loin d’être la meilleure. Le départ soudain d’Anakin avait lamentablement fait prendre conscience au toydarien que ce jeune garçon était devenu indispensable au bon fonctionnement de son business. En effet, les incroyables dons de mécanicien du jeune garçon lui avaient toujours été d’une aide précieuse dans son commerce et, sans cet enfant humain, la petite boutique marchande de Watto avait périclité au fil des ans. Watto ne sut ni dénicher ni réparer les pièces détachées de valeurs pour en tirer un quelconque profit, comme l’avait fait le jeune Skywalker avec brio. Pour Shmi, qui constatait désormais le résultat, et bien que l’éloignement de son fils se faisait cruellement ressentir, elle était cependant forte heureuse que son Anakin n’ait pas été le témoin de la déchéance de Watto, et de l’incompétence avec laquelle il avait géré son commerce. Mais Anakin aurait sûrement été très fier de savoir que Watto ne s’était pas laissé abattre après son départ. Il avait tout de même fait tout son possible pour essayer de se remettre sur pied, et dès l’installation de Shmi chez lui, Watto s’était donné une année entière pour arriver à revenir au moins à sa situation financière d’avant la Boonta Eve. Néanmoins, au terme de cette échéance qu’il s’était fixé, sa situation devint pire que catastrophique. Certes, l’alien avait brillamment réussi à maintenir sa boutique hors de vue des yeux envieux de ses créanciers, mais il n’avait pas su protéger bien longtemps la décharge qui jouxtait sa boutique. Dorénavant, elle appartenait exclusivement à Jabba le Hutt et à son gang de malfrats, qui s’en servaient pour y dissimuler de la marchandise de contrebande, principalement des Bâtons de la Mort.
Suite donc à ces deux ans de baisse d’activité depuis le départ d’Anakin, et pendant lesquels il avait vainement essayé de remettre sa boutique à flot, Watto s’était vu contraint d’employer Shmi dans un tout autre domaine que le rangement et le ménage, afin d’augmenter ses revenus de façon substantielle. Watto s’était ainsi mis à exploiter l’humaine dans un tout nouveau business, qui s’avéra beaucoup plus lucratif que l’achat et la revente de matériaux pour vaisseaux. Shmi se rappelait encore très bien de l’argument de vente de Watto à ce sujet : « Tout ceci ne sera qu’une nouvelle source de revenus provisoires ». Mais au vu des sommes d’argent, non négligeables, qui tombèrent ensuite dans les caisses du toydarien, le calvaire de Shmi dura encore pas moins de trois longues années. Contrainte par son maître de revenir à son ancien job d’avant la naissance d’Anakin, Shmi redevint alors cette esclave sexuelle que les relations de Gardulla avaient toujours gardée en mémoire. Bien évidemment, quand elle apprit sa nouvelle affectation, Shmi tomba de très haut, de bien plus haut encore qu’une étoile filante. Et ce fut comme un véritable coup de vibrolame en plein cœur quand elle dut ressortir du fond de ses placards son très vieux bikini doré. Le jour où elle était entrée au service du ferrailleur, Shmi avait toujours espéré de ne plus jamais avoir à porter cette odieuse tenue. Car quand elle travaillait encore au service de Gardulla, Shmi avait reçu de sa maîtresse Hutt ce maudit bikini doré en guise de cadeau empoisonné pour faire d’elle une esclave sexuelle parmi tant d’autres. Et durant toute sa participation aux affaires de la Hutt, elle n’eut pour seul et unique vêtement que ce modeste bikini.
Lorsque Shmi avait revêtu de nouveau cet accoutrement onze ans après l’avoir oublié dans le fond de ses tiroirs, l’humaine s’était néanmoins tout de suite souvenue que c’était bien grâce à ces deux minuscules pièces de vêtement qu’elle était tombée enceinte d’Anakin, et cela lui donna la force et le courage de ranger et de faire une place pas trop douloureuse de cette partie peu heureuse de son existence dans ses souvenirs. Neuf mois avant que Shmi ne donne naissance à son fils, Gardulla avait en effet reçu la visite d’un bien mystérieux voyageur au regard séducteur. À son arrivée dans l’antre du palais de sa maîtresse Hutt, Shmi avait d’emblée reconnu l’accent typique des naboos, car ces derniers étaient des visiteurs assez réguliers sur Tatooine, du fait de la proximité entre les deux planètes. Il s’agissait là d’un bel homme, blanc de peau, d’à peu près le même âge que Shmi, aux yeux bleus attirants, avec la carrure et l’allure d’un homme de la haute société. Shmi se rappelait encore très nettement cette rencontre, car ce qui l’avait surtout beaucoup frappée à l’époque, c’était que l’humain était venu accompagné d’un adolescent zabrak, de peau rouge et noire. Ce fut la première ⸻ et la seule fois d’ailleurs ⸻, que Shmi rencontra un tel alien, et elle en garda un souvenir fort vivace. Celui-ci était resté muet durant tout le long du travail de Shmi, et elle en avait rapidement déduit que l’adolescent ne pouvait être que l’esclave de l’humain. Cette manière qu’il avait eu de rester muet et de courber instinctivement la tête devant l’autre individu dénotait sa condition de manière plus qu’évidente. Et alors qu’elle avait imaginé que ce qu’on lui demandait serait d’apprendre l’amour à cette bête, elle s’occupa simplement des besoins de l’humain. Il y avait eu quelque chose en cet humain mâle qui l’avait immédiatement hypnotisée et ce jour-là, Shmi vécut la plus extraordinaire expérience sexuelle de sa si misérable existence. Pendant toute la durée de l’acte, elle s’était complètement évadée, jusqu’à ne plus se souvenir de son statut d’esclave. Elle s’était imaginée, nageant dans la mer spatiale avec ses îlots d’étoiles, sans subir l’attaque des -273,15 °C et de la non-atmosphère du vide intersidéral. Peau contre peau, mélangeant dans une danse horizontale les fluides corporels de leurs épidermes en sueur, le moment fut si intense pour Shmi qu’elle avait même, pendant un bref instant avant le départ du naboo, imaginé qu’il allait l’acheter. Ce fut bien la première fois que Shmi pensa réellement sortir de l’esclavage, car cet individu fut également le premier intéressé par son nom de famille. Shmi avait passé un si agréable moment en sa compagnie qu’après son départ, elle se mit à attendre avec désespoir son retour. Naboo étant une planète voisine de Tatooine, Shmi eut alors souvent l’occasion de regarder les étoiles, avec l’espoir de voir revenir son grand amour, sans jamais voir son vœu exaucé.
Quand quelques mois plus tard, sa grossesse devint visible aux yeux de Gardulla, la Hutt troqua prestement la jeune femme au premier acheteur venu contre une très modique somme d’argent, sans même prévenir ce dernier que l’esclave était enceinte. Ce fut d’ailleurs avec la plus grande surprise que Watto se rendit compte de la chose, bien après le paiement, et qu’il se retrouva ainsi malgré lui, obligé de nourrir deux esclaves au lieu d’un seul. La transaction étant déjà réglée depuis longtemps, le toydarien ne put demander un remboursement et ne put exploiter la mère comme employée sexuelle, comme il l’avait initialement prévu en l’achetant.
Shmi n’avoua bien entendu à aucun moment toute cette terrible vérité à son petit Ani, et elle s’était juré à elle-même que jamais elle ne le ferait. Maintenant que son fils était loin d’ici, il n’y avait que très peu de risques pour qu’il découvre cette terrible vérité. Personne d’autre qu’elle ne devait être au courant de sa mésaventure et elle emporterait son secret dans la tombe. Shmi avait d’ailleurs toujours préféré dire à son fils qu’il était né d’une union sans père. Elle avait trouvé cela beaucoup plus poétique, plutôt qu’il ne découvre que sa mère n’était en réalité qu’une ancienne catin, et que son géniteur n’était qu’un simple inconnu, voyageur de passage. Un jour pourtant, quand Anakin en vint à demander comment ils avaient atterri chez Watto, la langue de Shmi avait vite trouvé un mensonge, et un documentaire sur les podracers passant justement à ce moment-là à l’holotélévision lui donna matière à mentir. Shmi avait alors dit à son fils qu’ils appartenaient au toydarien depuis que ce dernier avait perdu un pari de course contre Gardulla, et que cette histoire remontait à l’époque où Anakin n’était âgé que de trois ans. Depuis cet instant, Shmi s’en était fermement tenue à cette version d’histoire complètement inventée, et en avait même informé Watto pour qu’il conserve lui aussi le secret. Shmi réalisait maintenant et avec tristesse que cette nouvelle sur ses origines avait forgé la passion de son fils pour ce genre de sport des plus dangereux, et que c’était à cause de cela qu’elle se retrouvait désormais éloignée de son Ani…
Aujourd’hui, comme très régulièrement, Shmi repensait à cet étranger qui l’avait émancipée sans le vouloir de sa condition d’esclave sexuelle en la mettant enceinte. Pour cette raison, elle s’était toujours dit qu’elle lui serait à jamais redevable, et qu’elle aiderait quiconque viendrait en provenance de Naboo. Dire que cette promesse d’aide envers des naboos inconnus lui avait ravi son fils… Quoi qu’il en soit, Shmi avait toujours aimé cet homme et en témoignage de ce souvenir, elle avait même prénommé son fils Anakin, en étant persuadée qu’il s’agissait là du véritable prénom de son père. Ou tout du moins d’un nom approchant. À l’époque de sa grossesse en effet, elle ne se souvenait plus très bien du nom exact de celui-ci, « Alpatine » peut-être, mais à l’approche de la naissance elle s’était persuadée elle-même qu’Anakin était le véritable prénom de son sauveur des étoiles. Quoi qu’il en soit, grâce à ce mystérieux personnage, elle n’eut plus besoin d’assouvir les désirs d’hommes envoyés par Gardulla. Mais elle savait aussi qu’Anakin était également responsable. Sa naissance sauva en effet Shmi d’une vie entièrement consacrée à ce travers, et fort bizarrement, une fois Anakin sorti de sa vie, Shmi retomba presque aussitôt dans ce qui avait fait son passé.
En redevenant une catin, et en tant que nouvelle arrivante sur le marché de la prostitution, Shmi avait très tôt été la cible des habitués de ce commerce. La Skywalker s’était ainsi retrouvée en charge de l’accueil de la clientèle à l’intérieur de la boutique de Watto. Elle avait été obligée d’afficher son plus agréable sourire, tout en se pavanant dans son bikini doré, afin de séduire les clients et de recommencer malheureusement ce dont pourtant, l’homme de Naboo l’avait libérée. Avec ce nouveau business, Watto avait pu à nouveau éprouver l’enivrante sensation de la lourdeur des pièces de monnaie dans ses poches. La semence des mâles déversées dans le corps de Shmi remplit les poches de Watto d’argent à ras-bord. C’était la belle époque pour l’esclavagiste, car Shmi attira une toute nouvelle clientèle qui raviva sa bonne humeur. Parmi tous ces demandeurs d’actes sexuels, Shmi avait souvent dû faire face à bien des clients, infâmes et dérangés. Cependant, aucun n’arrivait à la cheville de ce Sebulba, l’ennemi juré de son Anakin. En effet, depuis son humiliante défaite lors de la Boonta Eve, Sebubla n’éprouva plus qu’une haine sans réserve à l’égard des Skywalker. D’ailleurs, une fois remis de ses blessures, le dug s’était empressé de racheter le podracer d’Anakin auprès de Qui-Gon, et il avait même voulu acheter Shmi pour en faire son esclave personnelle. Mais à l’époque, Watto pensait encore qu’il arriverait à se remettre de cette crise financière passagère. Le ferrailleur toydarien avait déjà perdu un esclave en la personne d’Anakin, et il ne souhaitait certainement pas perdre le dernier de ses fidèles. Ainsi, il avait toujours refusé de céder Shmi à quiconque, mais ses refus répétés avaient néanmoins poussé le dug à visiter quotidiennement la boutique, avec comme seul et unique dessein l’humiliation de Shmi afin de savourer sa vengeance. Au contraire de Shmi, Watto était cependant toujours heureux de voir arriver le dug, qui était redevenu une grande célébrité du monde des courses, et il ne faisait absolument rien pour protéger son esclave de sa méchanceté. Les mains baladeuses avaient été ce qu’il y avait de plus courant dans son job d’avant, mais Watto était très strict à ce sujet, et le premier qu’il surprenait à toucher sa marchandise sans payer se faisait jeter dehors de son magasin à coup de blaster paralysant. Mais Watto, qui avait toujours refusé qu’on touche sa marchandise sans payer au préalable ne disait rien lorsqu’il s’agissait de Sebulba, et lui faisait même crédit pour cela. L’esclavagiste toydarien souhaitait en effet s’attirer des bonnes grâces du dug, car il savait qu’à travers lui, il s’adressait en fait au puissant Jabba.
Shmi avait donc dû apprendre à vivre avec la haine d’un dug. Cependant et contre toute attente, en y réfléchissant plus sérieusement, ce ne fut pas cet alien qui fut le plus difficile à supporter durant ces dernières années au service de Watto. Ce qu’il y avait de plus désagréable, c’étaient surtout et sans aucun doute les regards de ses anciennes connaissances. Celui de sa vieille ami Jira par exemple, la vendeuse de pallies de Mos Espa, était l’un des pires à supporter. Shmi, qui aimait autrefois faire son petit marché de fruits secs et discuter de longues heures avec cette amie, se rendit compte que tout cela appartenait maintenant bel et bien au passé, quand elle s’aperçut que Jira n’arrivait même plus à la regarder en face, sans rougir de honte pour elle. Dans les regards qui avaient le plus changé, il y avait aussi ceux des amis d’Anakin. Ceux qui venaient jadis jouer à la maison Skywalker et boire des verres de lait bleu bien frais pour le goûter avaient été ceux qui vinrent la reluquer en secret durant ses heures de prostitution pour Watto. Leur sympathie enfantine semblait avoir disparu au profit de l’arrivée de la puberté et des pensées perverses qu’elle occasionnait. De temps à autre, elle avait surpris ces jeunes adolescents en train de se masturber en la regardant, et sa réaction avait toujours été la même : elle s’éloignait au plus vite de leur vue. Mais Shmi avait été compréhensive à leur égard. Elle s’était toujours dit que pour eux, voir la mère d’un camarade en bikini avait été l’élément déclencheur de leur perversité nouvelle, plutôt que d’imaginer que cela remontait à bien plus loin dans le passé. En effet, pour une mère, il y avait toujours le risque qu’elle devienne le fantasme des amis de son enfant. Mais de là à imaginer qu’elle l’était pour tous les enfants du quartier des esclaves la laissait sans voix.
Toutefois, elle considérait que ce n’était pas vraiment grave après tout. Non, en y réfléchissant plus sérieusement, les regards de ces petits garçons à l’esprit pervers n’étaient pas si terribles que ça dans son ancienne condition et cela, même si le pire d’entre tous les anciens compagnons de jeu de son fils avait été, à son grand étonnement, le jeune Kitster Banai. Ce dernier, en plus d’avoir été le plus régulier des membres de la petite troupe de voyeurs, avait aussi réussi un jour à recueillir la somme d’argent suffisante pour faire flancher Watto afin de louer les services tant appréciés de Shmi. Au départ, celle-ci avait ignoré comment il avait réussi à obtenir une telle somme, mais elle apprit plus tard qu’il s’était mis à fréquenter une petite bande de voyous qui sévissait dans les rues de Mos Espa, et qui faisait du profit avec le vol et la revente d’objets en tous genres. Lorsque Shmi avait appris la nouvelle, elle n’en crut pas ses oreilles. Le fait qu’elle soit devenue l’esclave sexuelle de Watto avait conduit Kitster à rejoindre le monde de la criminalité, et Shmi s’en était toujours un peu voulue de le voir tomber si bas. Bien évidemment, Shmi avait dans un premier temps protesté quant au fait de devoir coucher avec lui, mais elle dut se plier à la volonté de son maître et ainsi, la célébrité de Kitster Banai devint vite acquise dans le quartier des esclaves comme celui qui s’était fait la mère Skywalker.
Dès qu’elle s’était soumise aux souhaits de Watto concernant Kitster, Shmi avait su que son maître n’aurait jamais plus la volonté de refuser de l’argent, et qu’elle serait contrainte de satisfaire toutes ses exigences si elle ne voulait pas recevoir de punition. Fort heureusement Watto n’avait jamais utilisé le fouet-laser contre elle, car cela l’aurait trop abîmée. Cependant, il était arrivé qu’il la prive d’eau, qui était bien évidemment une denrée extrêmement rare sur une planète telle que Tatooine, ou même qu’il la menace de l’offrir en spectacle aux habitants de Mos Espa, en la promenant dénudée comme un animal de compagnie, une chaîne métallique à son cou. La peur d’une telle punition avait poussé Shmi à abandonner toute tentative de rébellion envers Watto et dès lors, elle se soumit entièrement à ses volontés, faisant donc de Kitster l’un de ses clients les plus réguliers. Au départ, cela n’avait pas été très facile pour elle de faire l’amour avec un garçon qu’elle connaissait depuis qu’il était né, et les premières séances se passèrent sous la surveillance vigilante de Watto. Bien que cela ait été pour le moins très gênant, Kitster avoua au maître toydarien qu’il était très satisfait des talents de la mère Skywalker. Le temps passant, Watto fit donc de plus en plus confiance à Shmi pour donner du plaisir à ce garçon et les séances suivantes, Shmi et Kitster restèrent seuls ensemble. Avec le temps, Shmi devint ainsi l’éducatrice de Kitster en l’initiant aux arts sexuels.
Même encore aujourd’hui, Shmi n’arrivait pas à se sortir de l’esprit l’image du Kitster aimable et serviable qu’elle avait connu par le passé. Elle qui l’invitait jadis à venir jouer avec Anakin et même à dormir chez elle durant les nuits des tempêtes de sable, s’était retrouvée durant ces dernières années à satisfaire ses appétits pubertaires. Et même si après réflexion, Shmi trouvait plutôt flatteur qu’une femme aussi âgée qu’elle puisse être le premier amour d’un si jeune garçon, elle ne cessait de se sentir responsable du tragique chemin qu’il avait emprunté. Car sans elle, Kitster aurait tout aussi bien pu se tourner vers autre chose. Surtout en sachant qu’au lieu d’économiser pour acheter lui-même sa liberté, il avait préféré dilapider son argent pour des plaisirs sensuels éphémères. Shmi avait même une fois fait le calcul, et le résultat qu’elle trouva lui fit mal au cœur, car cette somme équivalait presque à l’achat d’un cargo corellien flambant neuf.
Cette situation avec Kitster eut au moins le mérite de provoquer un élan de spiritualité chez Shmi. En effet, après chaque séance avec son élève, Shmi priait en effet la Force comme une dévote fervente pour que jamais plus Anakin ne recroise le chemin de son ami dans l’avenir. Cela pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la mentalité de son unique descendance si cela devait se produire. Dire qu’il avait été le meilleur ami de son fils, son camarade le plus dévoué… Kitster et Anakin s’étaient très tôt considérés tous les deux comme deux frères et la disparition d’Anakin avait sans aucun doute affecté Kitster autant que Shmi, mais de là à envisager de prendre la place d’amant auprès d’elle, il y avait là un petit côté incestueux. Néanmoins, Shmi avait toujours essayé de relativiser. Lorsqu’elle s’était adonné de nombreuses fois au plaisir charnel avec Kitster, elle s’était toujours dit qu’elle préférait le faire avec le meilleur ami de son fils plutôt qu’avec Sebulba, son pire ennemi. Surtout depuis que ce dernier lui avait avoué un jour, après d’épuisants et dégoûtants ébats charnels, que c’était lui qui avait conseillé Watto de faire d’elle une esclave sexuelle. Shmi avait alors compris qu’il ne fallait jamais avoir pour ennemi un dug, et c’est à ce moment-là également qu’elle comprit le fameux adage populaire qui disait que : « la vengeance est un plat dug ».
La vie de Shmi se déroula donc ainsi durant trois ans. Mais malgré les nombreux clients que Shmi était parvenue à faire payer pour renflouer les caisses de Watto, l’entrepreneur toydarien ne s’en était jamais sorti sur le plan financier. Durant la dernière année, Watto songea de plus en plus à se séparer de Shmi lors d’une vente aux enchères. Et bien sûr, Shmi n’avait jamais voulu être la propriété d’un nouveau maître, car qui sait ce qui aurait pu lui arriver si cela avait été le cas. Watto avait toujours été un si bon maître qu’elle avait peur de se retrouver en face d’un autre Hutt, ou pire encore, de devenir la propriété de cet odieux Sebulba qui lui, n’attendait que ça. Elle eut d’ailleurs si terriblement peur de se retrouver face à cet ignoble dug qu’elle imagina une solution pour repousser cette éventualité le plus longtemps possible. Durant les derniers mois de son service auprès de Watto, Shmi alla faire le trottoir de son propre chef lors des nuits froides. Ces sorties improvisées conduisirent à faire de Shmi Skywalker une célébrité qui dépassa les simples frontières de Mos Espa. Puis vint le jour où deux fermiers, en provenance de la lointaine Mos Eisley, se présentèrent à la boutique du toydarien à la recherche de cette Shmi dont la réputation était parvenue jusqu’à eux. Il s’agissait d’un père accompagnant son fils unique qui allait très prochainement se marier, et ce premier lui avait promis un enterrement de vie de garçon qu’il ne serait pas près d’oublier. Ainsi, comme n’importe lequel de ses clients qui payait, Shmi se chargea du jeune homme, mais son physique séduisit surtout le vieux père. Une fois le jeune garçon émancipé, les deux hommes repartirent de là où ils étaient venus, mais quelques jours plus tard, le vieil homme refit son apparition dans la boutique. Shmi décela instantanément dans les yeux du dénommé Cliegg Lars cet éclair qui signifiait qu’il était tombé fou d’amour pour elle, et elle joua alors sur cet amour que lui portait ce soixantenaire pour peut-être espérer sortir enfin de sa condition d’esclave. Puis, à force de discussion, pendant plusieurs rancarts et hors de ses heures de travail, elle parvint à attendrir le vieux fermier et à le gagner rapidement à sa cause.
Toutes ces péripéties l’avaient donc conduite à aujourd’hui, où Cliegg vint trouver Watto avec une proposition d’achat pour Shmi, alors que celle-ci jetait un hololivre dans le compacteur à ordure. À contrecœur, mais le business étant le business, Watto se sépara alors de Shmi après quatorze ans de bons et loyaux services. Quittant ainsi définitivement sa vie d’esclave, Shmi attendit pourtant dans les parages la visite hebdomadaire de Kitster dans la boutique de Watto, afin de lui faire convenablement ses adieux, à lui et à l’ensemble de son passé.
« Que la chance soit à jamais avec toi Kitster, lui dit-elle en lui transmettant un paquet emballé.
– Que la chance soit également de votre côté, madame Skywalker. »
Une toute dernière fois, les lèvres de Shmi et de Kitster se fondirent en un baiser passionné. Et Kitster, regardant partir la femme, ouvrit le paquet qu’elle lui avait donné en cadeau. Il sourit en découvrant à l’intérieur le bikini doré de sa tendre maîtresse, qui lui avait tant appris concernant les choses de l’amour. Shmi ne pouvait absolument pas savoir que ce même Kitster Banai serait un jour sous les ordres de Jabba le Hutt et que, se faisant descendre après une rixe contre l’acolyte wookiee d’un contrebandier corellien, toutes ses affaires deviendraient la possession de Jabba. Ni qu’une bonne trentaine d’années plus tard, comme une malédiction héréditaire, sa petite-fille Leia Organa hériterait de ce bikini doré, lorsque celle-ci deviendrait elle aussi l’esclave temporaire d’un Hutt… Si Shmi l’avait su, jamais elle n’aurait offert ce cadeau à Kitster, préférant sûrement jeter à la première occasion dans la gueule du Sarlacc cet objet, à jamais maudit et qui semblait être le réceptacle de la vengeance d’un dug.