Les dieux, si toutefois ils existaient, étaient bien les seuls à savoir depuis combien de temps le fameux Thrace, prénommé Spartacus par ses geôliers romains, patientait sur l’un des nombreux bancs de l’infirmerie du ludus.
À l’instar du grand Héraclès, le renommé combattant de l’arène était parvenu à revenir vivant d’entre les enfers. Mais contrairement à ce héros mythique, jamais personne ne composerait pour lui de poème élogieux afin de vanter à la postérité son fabuleux exploit. Suite à une défaite, rares étaient en effet les gladiateurs à survivre au fouet de Doctore, mais la sienne était la pire de toutes, car elle avait en effet coûté à la modeste maison des Batiatus toutes les économies de cette dernière. Ainsi ledit Spartacus attendait avec appréhension le verdict de son maître. Allait-il subir l’inhumain châtiment corporel de la crucifixion ? Qu’importe ! Car le jour de sa mort avait déjà était tissé par les Parques bien avant même sa naissance.
L’esclave était donc prêt à rencontrer Pluton en personne, et à le défier si il le fallait et cela même pour l’éternité, à la seule condition d’avoir la certitude que sa chère épouse serait pour toujours libre dans cette vie mortelle.