Je n’arrivais toujours pas à croire à ma bonne fortune, qui est celle d’avoir Kimbles-Erickson en tant qu’enseignante à God’s Promise. Car je la trouve si attirante que c’est comme un rêve éveillé de recevoir son enseignement. Personne d’autre ne m’avait fait cet effet auparavant.
Au fur et à mesure que les leçons se poursuivaient, entre les murs de cet établissement religieux, je me retrouvais constamment distraite. Je n’arrivais que difficilement à me concentrer ! J’avais bien essayé de me débarrasser de mes sentiments envers elle, en me convainquant que ce n’était qu’un béguin éphémère et rien de plus, mais c’était impossible.
C’est ainsi que, lors de cet après-midi, je n’ai pas pu m’empêcher de laisser mon regard dériver vers l’avant de la classe, là où se trouvait ma professeure. Tandis que j’étais assise, comme tous mes camarades, dans la salle d’étude, celle qui était la source de mes fantasmes nous parlait avec passion d’un livre qui devait être notre dernier devoir de lecture de la semaine. De temps à autre, mes yeux avaient la chance de croiser les siens, bleus perçant, et qui avaient le don de me rendre encore plus accro. Mais à ce moment-là, alors qu’elle expliquait à quoi l’on devait s’attendre avec ce livre, mon esprit dériva vers ce que je voulais vraiment et je n’ai pas pu m’empêcher de penser que ses lèvres se pressaient contre les miennes. Je m’imaginais me lever et venir vers son bureau afin de lui avouer que je l’aimais devant toute la classe, puis que je me penchais pour lui voler un baiser. Mais bien sûr, tout cela ne pouvait être qu’un rêve.
Alors que le cours allait bientôt se terminer et que nous faisions déjà tous discrètement nos cartables pour partir, Kimbles-Erickson attira une nouvelle fois mon attention sans le vouloir, par la façon dont elle rangea une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille. Bien que mon amour pour elle était comme un fruit défendu, je ne pouvais plus lui résister. J’avais de si forts sentiments pour elle que je ne pouvais plus les cacher. Je savais que c’était mal, mais je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir ce que je ressentais. Et à mesure que les minutes défilaient, je souhaitais que mon amour pour elle ne soit plus un secret entre moi et moi. À l’approche de la fin du cours, je savais que je devais mettre fin à ce secret, quoi qu’il m’en coûte, même si c’était en contradiction avec la politique homophobe de God’s Promise.
Le cours à peine terminé, j’ai donc décidé de rester dans la salle et d’aller de moi-même lui poser une question. Aussi, une fois mes camarades sortis, je suis d’abord restée en arrière avant de m’approcher nerveusement du bureau. Mes paumes commençaient déjà à transpirer. J’ai pris une profonde inspiration et j’ai finalement trouvé le courage de laisser échapper ma question, que j’avais répétée au moins une centaine de fois dans ma tête la veille.
– Madame Kimbles-Erickson, est-ce que je peux vous parler ? demandai-je en bégayant, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine.
Elle eut d’abord l’air surpris, mais un petit sourire vint vite se dessiner sur ses belles lèvres aussi roses qu’une guimauve. Elle étudia mon visage un instant et son expression s’adoucit avant de me répondre.
– Bien sûr, Cameron. Mais tu peux m’appeler Bethany, tu sais, répondit-elle d’une voix douce.
Sans m’en rendre compte, je m’étais penchée un peu plus près d’elle, comme si j’essayais de mieux saisir les mots qu’elle venait de me souffler à l’instant. Mes joues virèrent instantanément du rose clair au rouge tomate et j’hésitai avant de continuer ma confession. Mon cœur s’était gonflé dans ma poitrine alors que j’entendais encore ses paroles dans mes oreilles, comme en écho, car c’est tout ce que j’avais toujours voulu entendre de sa bouche. À 100 % certaine maintenant d’être folle amoureuse d’elle, je voulais sincèrement lui confier ce que j’avais sur le cœur.
Je voulais d’abord lui parler des difficultés avec ma sexualité, et aussi du fait que je n’avais jamais ressenti une telle alchimie avec quelqu’un d’autre et à quel point je la désirais. J’espérais qu’elle ne me jugerait pas et qu’elle ne me dirait pas que mes sentiments envers elle pouvaient être faux. Au lieu de cela, j’imaginais une scène où elle me prendrait par la main pour me dire qu’il ne fallait plus lutter contre mes propres penchants lesbiens. J’aurais tant aimé que ça soit réel…
Mon esprit totalement consumé par ce genre de pensées, le reste de ma journée s’était écoulé dans un flou total, jusqu’à ce que, finalement, je me ressaisisse le soir, dans ma chambre. Et me voilà maintenant, assise face à mon journal intime, en train de déverser mon cœur sur cette page, écrivant chaque détail de ce que j’arrivais à me souvenir, même si, en vérité, je n’avais aucunement besoin de coucher sur papier la fois où ma professeure m’avait dit de l’appeler Bethany pour me rappeler ce moment magique.