Moi et Bethany étions encore assises dans un coin tranquille de la salle de lecture de God’s Promise, bien après les heures d’ouverture de l’école. Toutes les deux seules, le bruit de nos respirations s’échappaient dans l’air, tandis qu’une tension électrique était palpable tout autour de nous, car nos corps n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Nous étions côte à côte, tournant les pages de divers manuels et notes arithmétiques, à la lueur d’une unique lampe de bureau.
Entre nous, l’atmosphère était passée d’académique à intime en très peu de temps ; en effet, je ne pouvais m’empêcher de sentir avec un plaisir évident quoique coupable, la chaleur émanant de sa peau et de humer l’odeur subtile de son parfum aphrodisiaque qui dissipait efficacement l’odeur de moisi des vieux livres de la pièce.
– Je ne comprends pas cette partie, murmurai-je soudain doucement, désignant une équation passablement difficile, griffonnée sur une banale page de calcul.
Je regardai très attentivement Bethany se rapprocher de moi – si près que je pouvais sentir son souffle chaud contre ma joue – pour m’offrir à la fois conseils et encouragement, et me guider pas à pas à travers ce problème compliqué jusqu’à ce que finalement, nous arrivions simultanément à la solution.
Mais alors que nous partagions un rapide regard satisfait dans le silence, j’étais quasiment sûre et certaine de lire dans ses beaux yeux bleus qu’elle n’arrivait plus du tout à nier cette attirance mutuelle et ce désir tacite ; ça flottait dans l’air comme du pollen dérivant dans une brise printanière. À moins que ce ne soit le grand amour que je ressentais pour elle qui me fasse ainsi miroiter cette possibilité et ne me fasse voir que ce que j’avais envie de voir. Est-ce que mon amour pour Bethany me rendait aveugle ?