Quand on pénétrait dans le dojo de Gen Fu, on ressentait tout de suite cette atmosphère particulière, empreinte à la fois de tradition et de respect. En témoignait l’ensemble des murs, ornés de parchemins anciens, sur lesquels des calligraphies délicates représentaient les principes fondamentaux des techniques martiales. La lumière naturelle de l’extérieur n’était pas en reste, filtrant à travers les stores des grandes fenêtres et créant un éclairage tamisé qui conférait une aura quasi mystique et intime à cet espace clos.
Le sol, un parquet parfaitement poli, brillait doucement, offrant une surface stable et solide pour les mouvements dynamiques des combattants. Des marques discrètes étaient tracées à la craie à intervalles réguliers, afin de délimiter l’arène. En outre, le dojo était bordé par des tatamis traditionnels, aux nattes de paille soigneusement tressées, symboles d’honneur. Un parfum boisé imprégnait l’air et l’essence de cèdre, qui avait été choisie, créait une ambiance apaisante, propice à la concentration. Dans l’un des quatre coins, une étagère supportait une impressionnante collection de trophées et de récompenses en tout genre, héritage des victoires passées du lieu.
Mais ce terrain d’entraînement était bien plus qu’un simple dojo, c’était un véritable sanctuaire, où l’art de la guerre martiale se devait d’être vénéré et cultivé. Par ailleurs, chaque détail, chaque élément du lieu avait été pensé pour créer un environnement propice à l’apprentissage et à la maîtrise de soi.
Ce matin, dans l’enceinte sacrée de son dojo, Gen Fu se tenait debout, droit comme un “I”, tel un arbre centenaire, au centre de l’espace de combat. Son regard scrutait déjà chaque micro-expression de son disciple Leifang, la jeune fille qui lui faisait face, essayant de capter le moindre indice sur son état d’esprit. Les muscles puissants du vieux sage étaient prêts à réagir à tout instant. Ses grandes mains calleuses semblaient vibrer d’anticipation, prêtes à laisser s’exprimer enfin l’essence même de plusieurs décennies d’entraînement rigoureux et d’expérience accumulée. Pour sa part, Leifang se tenait debout face à son maître, une lueur de défi dans les yeux, son corps fin et athlétique dans une posture impeccable. La sueur perlait déjà sur son front, signe du feu qui brûlait en elle. Chaque muscle de son être était tendu comme un arc, prêt à se déployer avec la rapidité et la précision d’un fauve.
La tension électrique était palpable, imprégnant l’air du dojo de manière imperceptible, créant une atmosphère chargée d’excitation et d’intensité. Leur engagement mutuel dans cet entraînement était une démonstration de leur détermination sans faille, prêts à se mesurer l’un à l’autre dans une danse mortelle qui transcenderait les limites de l’ordinaire. L’envie humaine de surpasser ses propres limites.
Sans grande surprise, ce fut Leifang, la jeunesse incarnée, qui débuta le combat sans prévenir, avec une série d’attaques fulgurantes, ses poings et ses pieds dansant gracieusement et aisément dans l’air. Ses poings fusaient en avant, cherchant à atteindre le visage ridé de Gen Fu, tandis que ses jambes se lançaient dans des enchaînements complexes, cherchant à tout prix à briser sa garde.
Gen Fu, économisant son énergie, comme à son habitude, esquivait habilement les coups de son adversaire, comme s’il avait le don d’anticiper chacune des attaques de sa rivale. Son corps se déplaçait en effet avec une fluidité incroyable, évitant les coups de justesse, les esquivant, tantôt par des pas latéraux, tantôt par d’habiles inclinaisons. Ses réflexes aiguisés lui permettaient d’éviter les coups avec une facilité fascinante.
D’une précision chirurgicale, les poings et les pieds de Leifang venaient quand même, de temps à autre, buter contre le corps de Gen Fu dans une symphonie de mouvements rapides, au cœur d’une chorégraphie féroce. Des uppercuts puissants fusaient de toutes parts vers le menton, tandis que des crochets précis visaient les flancs. Ses jambes se lançaient avec grâce, délivrant des coups de pied circulaires dans le but de déséquilibrer son adversaire.
Lorsque les coups arrivaient à toucher son maître, les bruits du choc des poings et des pieds résonnaient dans tout le dojo. Dans ce premier échange d’attaques et d’esquives, Gen Fu parvint à bloquer in extremis un puissant coup de pied de Leifang, sa paume dressée au dernier moment, tel un bouclier impénétrable. Mais, alors que le vieux sage maintenait toujours fermement ce pied nu de Leifang dans sa paume âgée, une sensation pour le moins étrange l’envahit et il se figea devant la douceur si surprenante de la peau sous ses doigts, qui était presque comme la caresse d’une plume délicate. La plante du pied de Leifang était effectivement douce et soyeuse contre la paume de Gen Fu, et le simple contact de sa main avec cette partie vulnérable du corps de la jeune fille éveilla en lui une émotion inattendue et toute nouvelle. Immédiatement, une multitude de pensées se bousculèrent dans l’esprit du vieil homme. Hypnotisé par le pied féminin posé contre sa main, par la beauté de sa forme et de sa texture, ainsi que par la douceur de cette peau soyeuse, surgit en lui un profond désir égoïste. L’union improbable entre sa vieille main ridée et la jeunesse, incarnée par ce pied délicat, éclipsa même les pensées rationnelles qui le gouvernaient pourtant habituellement.
Momentanément désarçonné par l’odeur parfumée qu’exhalait le pied délicat de la jeune étudiante, Gen Fu se sentit complètement submergé par une sensation de vulnérabilité qu’il ne s’attendait clairement pas à ressentir dans un combat aussi brutal. Son arche était parfaitement dessinée et chaque orteil, sculpté avec harmonie, se terminait par des ongles impeccables, ajoutant une perfection de plus à cette œuvre d’art naturelle. Gen Fu avait donc refermé jalousement sa main sur cette beauté esthétique indéniable, comme si ce pied était un trésor qu’il se devait de préserver et de chérir.
Toutefois, ce contact rapproché fut très fugace puisque, suite à ce blocage impeccable et à cet instant d’inattention de Gen Fu, qui sembla durer une éternité, Leifang riposta. La tranche d’une de ses mains s’élança alors vers le plafond pour viser, d’une frappe précise et d’une puissance contrôlée, le sommet du crâne du vieillard. Sa main, en atteignant sa cible, produisit un bruit sourd et soudain, le temps s’arrêta. La force du coup fut absorbée, avant d’être transmise au cerveau de l’homme âgé. L’onde de choc se propagea ensuite dans la totalité du corps de Gen Fu, ce qui le fit tomber au sol presque immédiatement, presque inconscient, dès qu’il sentit des fourmis électriques lui titiller le bout des orteils.
Une seconde plus tard, Leifang réalisa qu’elle avait vaincu son adversaire ! Elle se précipita alors vers son mentor, s’inquiétant immédiatement de son état. Doucement, elle le retourna et constata avec soulagement qu’il s’était simplement assoupi. Sa respiration était lente et régulière et il ne présentait aucune blessure apparente. Étrangement, il arborait même un petit sourire satisfait sur son visage. Son inquiétude laissa alors place au soulagement et, en observant son maître immobile et paisible, Leifang décida de profiter de cette opportunité pour réaliser son fantasme de chinoise : s’adonner à une petite séance de contemplation. Leifang s’assit donc aux pieds de Gen Fu endormi puis, croisant ses jambes en tailleur, elle retira une chaussette des pieds de l’ancien.
L’image de ce pied ridé captiva tellement les yeux de Leifang qu’elle commença, elle aussi et en très peu de temps, à ressentir un profond désir, comme son mentor, envers les pieds. Tous ses soucis s’évanouirent d’un coup et, oubliant Jann Lee, elle imagina déjà changer de rôle et de passer d’une banale élève indisciplinée à une amante serviable pour se consacrer entièrement au fétichisme.