Plongé au cœur même d’un monde de merveilles teinté de mystère, Jack marchait à travers les ruines de Rapture, la ville sous-marine en pleine perdition. Explorant cette ancienne métropole laissée à l’abandon, le fermier américain était à la fois rempli d’effroi et d’admiration face à autant de nouvelles découvertes. De plus en plus fasciné par cette cité insoupçonnée et captivé par son histoire méconnue, chacun de ses pas lui révélait, à droite comme à gauche, des trésors d’architecture vraiment impressionnants. Chaque œuvre d’art surréaliste et chaque merveille technologique n’avait de cesse de lui vendre un passé prospère, mais qui se trouvait dorénavant enfoui dans les abysses les plus profondes de l’oubli.
À ses yeux de néophyte, tout cela était aussi déchirant qu’inspirant et, tandis qu’il continuait à arpenter les couloirs et les pièces abandonnées de ce lieu riche en souvenirs, Jack en vint à ne plus rien rencontrer d’autre qu’un silence inquiétant. Seul le bruit de ses pas résonnait lugubrement dans le vide qui régnait entre les grandes structures, lui renvoyant leur écho, mais Jack restait néanmoins émerveillé par la beauté des vestiges de la civilisation rapturienne qui, autrefois, avait prospéré ici.
Mais alors que ce dernier, abasourdi mais prudent, s’aventurait toujours plus loin parmi les couloirs sombres et sinueux de Rapture, il se retrouva bientôt au milieu d’une chambre immense, surmontée d’un assez haut plafond de verre et remplie d’étranges machines, dont beaucoup étaient bardées de symboles incompréhensibles, inscrits sur leur boîtier. Piqué par la curiosité, Jack s’approcha de l’une d’elles : à n’en pas douter, il s’agissait là d’un beau juke-box qui avait été laissé à l’abandon. Souriant malgré lui, il plongea sa main dans sa poche et en retira un dollar rapturien qu’il avait trouvé un peu plus tôt, puis il l’inséra dans la fente de l’appareil. Immédiatement, l’appareil l’avala goulûment avant de commencer à jouer une mélodie qui se mit à résonner, emplissant totalement la chambre de ses notes envoûtantes et surannées, un peu vintage. Au fur et à mesure que la musique emplissait ses oreilles, l’esprit de Jack se trouva transporté pendant un instant à l’époque glorieuse de Rapture.
Il savourait l’ambiance sonore apaisante quand soudain, son regard fut attiré par un buste en bronze qui trônait majestueusement dans l’un des coins de la pièce. À la fois intrigué et bercé par la musique qui se jouait en arrière-plan, Jack s’en approcha avec révérence afin de l’examiner de plus près, mais quelque chose de particulier et d’assez étrange l’envahit lorsqu’il remarqua l’inscription dorée sur le piédestal : Andrew Ryan.
L’ambiance changea du tout au tout et Jack fut aussitôt et complètement submergé de douleur et de tristesse, et il se mit à ressentir un sentiment de nostalgie, alors même que ce Andrew Ryan était un homme dont il n’avait appris l’existence qu’après son crash d’avion. Bizarrement, son cœur était lourd d’émotions ; il pouvait réellement sentir la présence de Ryan en cet instant précis, à l’intérieur de lui, comme s’il s’agissait d’un lointain souvenir, profondément enfoui. Toutefois, Jack ressentit également comme une sorte d’admiration envers ce fondateur mégalomaniaque de cette ville utopique, jadis florissante. Et pourtant, malgré toutes ses tentatives pour défendre ce en quoi il croyait, malgré l’apocalypse qui avait dévasté sa ville et dont il ne restait que ce qu’il avait sous les yeux, malgré tous ses efforts et toutes ses luttes pour garder son enfant Rapture en vie, celle-ci avait sombré dans la folie et le chaos de son isolement. Prenant subitement conscience de cela, l’âme accablée de Jack se rendit soudainement compte de la solitude qui, en réalité, enveloppait cette Atlantide moderne.