L’infernale chaleur des matins tatooiniens ne l’aidait guère à lui faire oublier la température qui régnait sur la volcanique et lointaine planète Mustafar. Et comme si la Force se plaisait à le torturer à jamais, Obi-Wan se réveilla donc de nouveau en sursaut après un énième cauchemar, après avoir été hanté toute la nuit par les hurlements de souffrance de son ancien ami.
Pratiquement dix-neuf ans s’étaient écoulés depuis qu’il avait élu domicile sur ce monde désertique de la Bordure extérieure et chaque soir, Obi-Wan se retrouvait sans cesse, et encore aujourd’hui, en proie à des rêves si cauchemardesques que cela l’éjectait instantanément de son sommeil, aussi violemment et rapidement que l’aurait fait un saut en vitesse-lumière.
Durant ses trop longues années de solitude chargées de remords, Obi-Wan avait pourtant eu tout loisir de méditer, autant sur son propre sort que sur la situation galactique. Le vieux Jedi avait ainsi appris à comprendre, mais aussi et surtout à accepter, la prophétie de l’Élu. De son point de vue, Anakin restait bel et bien, et malgré ses actions passées, le Prophète annoncé par les saints Holocrons millénaire de l’Ordre Jedi : celui qui était censé amener l’Équilibre dans la Force.
À présent, Kenobi le savait : tel avait toujours été le destin d’Anakin. Dans le plan final de la Force, le basculement du Côté Obscur de son ancien disciple et ami était inévitable. Car, de ce que Obi-Wan savait, il n’existait désormais plus que deux utilisateurs au service du Bien, à savoir : maître Yoda et lui-même, tandis qu’il y avait bien deux Darth pour équilibrer la balance : Sidious et Vador.
Quoi qu’il en soit, Obi-Wan Kenobi, l’un des derniers chevaliers Jedi, plaçait tout de même l’ensemble de ses espoirs de revanche personnelle sur ses frères morts lors de la Purge entre les mains des jumeaux Skywalker, qui joueraient sans aucun doute un rôle crucial dans un avenir plus ou moins lointain, même si l’un d’eux était peut-être prédestiné à rejoindre l’adversaire du camp lumineux pour maintenir l’Équilibre.
Naturellement, Obi-Wan ne souhaitait aucunement voir Luke servir les intérêts des Sith, puisqu’il avait été, entre autres, celui qui avait veillé sur lui, ce petit garçon des sables, dès sa naissance, tel un maître avec son padawan, tel un père avec son fils.
S’extirpant d’un coup de sa couchette en poils de bantha, le vieux sorcier alla, comme à son habitude après un réveil perturbé, se désaltérer avec un grand verre de lait bleu bien frais, avant de se diriger avec une lenteur digne d’un Hutt vers un petit coffre en bois de wroshyr.
Néanmoins, cette fois-ci, à la seconde même où sa main de cinquantenaire effleura l’arme millénaire Jedi qui reposait dans le coffret, une prémonition vint soudainement l’alerter que le jeune Luke allait bientôt être sous la menace des pillards Tusken.
Sans plus attendre, le maître s’habilla en toute hâte afin de partir à sa rescousse. Il était peut-être enfin temps, après tout, de former Luke aux arts Jedi et aux voies de la Force, dans le but de venger la mort de ses frères, tombés lors de l’Ordre 66, quitte à déséquilibrer de nouveau cette Énergie qui maintenait, pourtant encore en cet instant, la Galaxie en un tout unique…